Dimanche 24 Novembre
20h.30
( soirée organisée en collaboration avec Amnesty Internationel dans le cadre de la Journée Internationale de Lutte contre les Violences faites aux Femmes )
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1/ le court :
Katvoman
de Hadi Sheibani
Un film sur les violences conjugales, un sens très fort de la mise en scène, les cadrages sont plus surprenants les uns que les autres et la chute est glaciale.
Une mère et son fils jouent au jeu Catwoman-Batman avant que le père ne rentre. Pendant ce temps, des bruits et des cris se font entendre de la porte d’à côté ; il semble que qu’un homme ait blessé sa femme. Il est temps pour le père de jouer un rôle dans le jeu avant que le fils ne découvre ce qu’il a fait.
La bonne idée du récit est de mettre en relief une violence domestique par la présence sonore envahissante d’une autre violence en cours dans l’appartement mitoyen. Les contradictions explosent et n’en révèlent que plus fortement l’âpre réalité chez soi. Du jeu initial avec l’enfant, on passe à la révélation finale sans équivoque. Tout n’est pas un jeu, même quand on essaie de préserver un enfant…
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2/ le film :
OUTRAGE
d’ IDA LUPINO
Etats-Unis, 1950, 75 min. avec Mala Powers, Tod Andrews, Robert Clarke …
Grande actrice des années 1940 et 1950, Ida Lupino s’impose à Hollywood comme l’une des rares réalisatrices de l’époque. Avec son mari, elle fonde la compagnie The Filmakers’, alternative au modèle des studios hollywoodiens, qui lui permet de traiter en toute indépendance des thèmes peu conventionnels, des thèmes hors des sentiers battus, des thèmes dont on ne parle pas sur les écrans américains.
Dans Outrage, elle aborde un sujet audacieux pour l’époque et le puritanisme américain : le viol et ses traumatismes
Ann Walton (Mala Powers) est employée de bureau dans une petite ville américaine. Vie paisible chez papa-maman. Vie sentimentale sur le point de se concrétiser par un mariage heureux. Mais un soir qu’elle rentre tard de son travail, elle est poursuivie par un homme. Les pas se rapprochent. Dédale de rues sombres.
Une ombre qui apparait sur un mur et qui petit à petit s’empare de tout l’espace. Pas âme qui vive. Solitude abyssale. Tétanisée par la peur, Ann tombe, voudrait courir, mais n’y arrive pas. Regard noyé de larmes. C’est le cauchemar. Le viol. Basculement d’une vie. Immense blessure. Lente décomposition d’une femme. Nous avons là une héroïne qui traduit les angoisses des femmes dont la parole pèse peu, toujours un peu coupables, même quand il leur arrive le pire. Un regard acéré sur la masculinité toxique en somme.
Après le drame, Ann tente de reprendre une vie normale. Mais comment supporter le regard des autres qui ne voient en elle que ‘la violée’. Condescendance, pitié, incompréhension. Insupportable. C’est loin de ceux qui savent qu’elle doit se reconstruire. Elle refuse la demande en mariage de son fiancé .
Elle fuit, se réfugie dans une petite ville où personne ne la connaît. Et ce sera la lente cicatrisation du trauma qui touche aussi bien le corps que l’esprit. Une lente reconstruction.