Katvoman et Outrage

Dimanche 24 Novembre

20h.30

(  soirée organisée en collaboration avec Amnesty Internationel  dans le cadre de la Journée Internationale de Lutte contre les Violences faites aux Femmes )

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1/  le court :

Katvoman

de Hadi Sheibani

07’35; Comédie dramatique; Iran; 2022

Un film sur les violences conjugales, un sens très fort de la mise en scène, les cadrages sont plus surprenants les uns que les autres et la chute est glaciale.

Une mère et son fils jouent au jeu Catwoman-Batman avant que le père ne rentre. Pendant ce temps, des bruits et des cris se font entendre de la porte d’à côté ; il semble que qu’un homme ait blessé sa femme. Il est temps pour le père de jouer un rôle dans le jeu avant que le fils ne découvre ce qu’il a fait.

La bonne idée du récit est de mettre en relief une violence domestique par la présence sonore envahissante d’une autre violence en cours dans l’appartement mitoyen. Les contradictions explosent et n’en révèlent que plus fortement l’âpre réalité chez soi. Du jeu initial avec l’enfant, on passe à la révélation finale sans équivoque. Tout n’est pas un jeu, même quand on essaie de préserver un enfant…

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2/ le film :

OUTRAGE

d’ IDA LUPINO

Etats-Unis, 1950, 75 min. avec Mala Powers, Tod Andrews, Robert Clarke …

Grande actrice des années 1940 et 1950, Ida Lupino s’impose à Hollywood comme l’une des rares réalisatrices de l’époque. Avec son mari, elle fonde la compagnie The Filmakers’, alternative au modèle des studios hollywoodiens, qui lui permet de traiter en toute indépendance des thèmes peu conventionnels, des thèmes hors des sentiers battus, des thèmes dont on ne parle pas sur les écrans américains.

Dans Outrage, elle aborde un sujet audacieux pour l’époque et le puritanisme américain : le viol et ses traumatismes

 Ann Walton (Mala Powers) est employée de bureau dans une petite ville américaine. Vie paisible chez papa-maman. Vie sentimentale sur le point de se concrétiser par un mariage heureux. Mais un soir qu’elle rentre tard de son travail, elle est poursuivie par un homme. Les pas se rapprochent. Dédale de rues sombres.

Une ombre qui apparait sur un mur et qui petit à petit s’empare de tout l’espace. Pas âme qui vive. Solitude abyssale. Tétanisée par la peur, Ann tombe, voudrait courir, mais n’y arrive pas. Regard noyé de larmes. C’est le cauchemar. Le viol. Basculement d’une vie. Immense blessure. Lente décomposition d’une femme. Nous avons là une héroïne qui traduit les angoisses des femmes dont la parole pèse peu, toujours un peu coupables, même quand il leur arrive le pire. Un regard acéré sur la masculinité toxique en somme.

Après le drame, Ann tente de reprendre une vie normale. Mais comment supporter le regard des autres qui ne voient en elle que ‘la violée’. Condescendance, pitié, incompréhension. Insupportable. C’est loin de ceux qui savent qu’elle doit se reconstruire. Elle refuse la demande en mariage de son fiancé .

Elle fuit, se réfugie dans une petite ville où personne ne la connaît. Et ce sera la lente cicatrisation du trauma qui touche aussi bien le corps que l’esprit. Une lente reconstruction.

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« Regards sur le texte » et La Belle et la Bête

Dimanche 17 Novembre

20h.30

( 3 eme et dernière soirée dans le cadre

du 3eme  Festival Les Zallucinés

sur le thême Rêvons un peu ! )


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1/ regards sur le texte :

« La Belle et la Bête » de Jeanne Marie LEPRINCE de BEAUMONT (1757) par Yves Le Pestipon professeur de lettres, poète, chroniqueur revélois.

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2/ le film :

 La Belle et la Bête

de Jean Cocteau

Film (1h36) sorti le 29 octobre 1946 avec Josette Day, Jean Marais, Michel Auclair

Jean Cocteau a tourné « La Belle et la bête »  du 26 août 1945 au 1e juin 1946. Lors des derniers mois consacrés au montage il est aidé par René Clément. Le film est globalement fidèle au conte écrit par Madame Leprince de Beaumont mais Cocteau ajoute quelques épisodes et le personnage d’Avenant joué par Jean Marais.

Le film est présenté à Cannes en septembre 1946 avec un succès mitigé. A sa sortie, un mois plus tard, les critiques sont partagés. Le succès public est lent mais progressif et peu à peu le film s’impose comme l’un des meilleurs films fantastiques français jamais réalisé. Avec « La Belle et la bête » nous entrons dans le monde onirique des contes de fées. Mais si les sœurs de la Belle rêvent de princes charmants la Belle ne rêve que de rester auprès de son père, ce qui n’est pas un rêve très romantique, on en conviendra. Et c’est d’abord un cauchemar qu’elle vit auprès de la bête. Face aux reproches d’artificialité (on reproche alors à Cocteau son bric-à-brac d’illusionniste et non de poète) Armand Joannès (pseudonyme d’Armand Cauliez) écrit finement dans La Revue du cinéma (décembre 1946) : « Artificiel, ce film ? Comme tous les rêves reconstitués, comme toutes les fééries concrétisées ».  A propos du château de la bête (un décor naturel : il s’agit du château de Raray dans l’Oise), il évoque un « château hors-du-temps-et-de-l’espace, un ‘lieu vague’ ; et ce château de cauchemar et de rêve, conçu par Cocteau, dessiné par Bérard, réalisé par Moulaert et photographié par Alekan, est l’expression même des sentiments essentiels de l’œuvre ».

Dans ses écrits Cocteau a toujours insisté sur la camaraderie qui unissait l’équipe du film et rendu hommage à ses collaborateurs : Henri Alekan le directeur de la photographie, l’un des plus grands de sa génération, Christian Bérard le directeur artistique, auteur des décors et costumes avec René Moulaert et Lucien Carré. Sans oublier le producteur André Paulvé, à  qui l’on doit aussi  les « Visiteurs du soir » de Marcel Carné, « Jour de fête » de Jacques Tati et « Orphée » de Jean Cocteau. Aujourd’hui « La belle et la bête » est considéré comme un classique. En 1996 dans un hors-série « Cent ans de cinéma », l’hebdomadaire Télérama le sélectionne parmi les meilleurs films du siècle. Le visage de la bête est devenue mythique, une référence absolue du cinéma fantastique. On ajoutera que dans l’un des plus beaux films de Terence Fisher, sinon le plus beau, « The curse of the werewolf » (1961) le maquillage du loup-garou est un hommage à « La Belle et la bête ».

Outre « La Belle et la bête », Jean Cocteau (1889-1963), poète, écrivain, dramaturge, a réalisé cinq longs métrages « Le sang d’un poète » (1930), « L’aigle à deux têtes » (1948), « Les parents terribles » (1948) « Orphée » (1950) et « Le testament d’Orphée » (1960).

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Sweet dreams et Arizona Dream

Dimanche 10 Novembre

20h.30

( 2 eme soirée dans le cadre du 3eme  Festival Les Zallucinés

sur le thême Rêvons un peu ! )


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 1/ le court :

Sweet dreams

de Benjamin Ifrah

03’05; France; 2022

Au “call-center” de Sweet Dreams, les employés assurent le service après-vente des rêves avec soin. Sauf Judith, qui n’a pas vraiment envie de travailler.

Prix de la critique du Nikon Film Festival 2022, cette courte facétie signée Benjamin Ifrah est une comédie qui joue de l’absurde. En trois minutes, le réalisateur décrit la conversation téléphonique cocasse entre une opératrice du call-center de l’entreprise Sweet Dreams et l’un de ses clients. Ce dernier, Thomas, contacte en effet le service après ventes des rêves car il a une réclamation à faire !

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 2/ le film :

 Arizona Dream

d’Emir Kusturica

Sortie : janvier 1993; Reprise : juillet 2024

Long métrage culte des années 90. Le film américain d’Emir Kusturica. Avec Johnny Depp, Faye Dunaway, Vincent Gallo, Jerry Lewis, Lili Taylor … Ours d’argent et Prix spécial du jury au Festival de Berlin 1993. Depuis, Kusturica, Depp et Gallo ont mal tourné, très mal même pour certains. Reste intact la poésie de ce film surréaliste, ébouriffant, baroque, déjanté, à cheval entre rêves et réalité. Et cette musique signée Goran Bregovic, cette bande originale qu’on écoute à s’en user les tympans, avec le cultissime « In the Death Car »  d’Iggy Pop.

L’histoire en bref. Installé à New York après la mort de ses parents, Axel Blackmar (Johnny Depp) mène une vie paisible à recenser les poissons pour le compte du département pêche & chasse. Autrement dit : des poissons plein la tête. Jusqu’à rêver d’un Esquimau péchant un poisson magique, sauvé du froid par un chien … Bref, la réalité le rattrape. Son oncle Leo Sweetie (Jerry Lewis) est vendeur de voitures en Arizona. Sur le point de se remarier, il  fait appel à son neveu pour lui servir de témoin. Et accessoirement lui donner un coup de main, voire reprendre l’affaire. C’est Paul Léger (Vincent Gallo) qui est chargé de le ramener. Lui aussi a ses rêves :  être une star de cinéma. Voilà donc notre ingénu Axel traversant les Etats Unis pour bientôt se retrouver empêtré dans un triangle amoureux entre une veuve loufoque (Faye Dunaway) et sa belle-fille (Lili Taylor), et tiraillé entre ses propres rêves et ceux des gens qui l’entourent. Tous plus fous, plus délirants les uns que les autres.


 

 

 

 

Regard ô combien singulier d’un cinéaste serbe installé temporairement aux États-Unis, qui explore l’envers du rêve américain. Souvenons-nous. Emir Kusturica fait sensation lorsque, à 31 ans, il remporte la Palme d’or au Festival de Cannes avec Papa est en voyage d’affaire (1985). Entre parenthèses : gros malentendu à propos du message de ce film considéré, à tort, comme référence anticommuniste. Kusturica s’en est d’ailleurs bien amusé dans son autobiographie sortie en 2011. Fermons la parenthèse.  C’est seulement son deuxième long-métrage. Les portes de productions internationales s’ouvrent alors au jeune réalisateur, notamment sollicité par le studio Columbia qui va financer Le temps des gitans (1988), nouveau succès commercial et critique également récompensé à Cannes avec le Prix de la mise en scène. Alors qu’il était jusque-là resté dans un contexte plutôt serbe, Kusturica va se confronter à un cadre et une fiction purement américaine dans Arizona Dream.

 

 

 

 

Le tournage va s’étaler sur près d’un an, entrecoupés de nombreuses interruptions en raison du conflit qui se déclenche en Yougoslavie, et qui affecte profondément le réalisateur. Ses parents sont impactés, la maison familiale pillée, il faut parer au plus urgent … Souffrance intime, sentiment d’impuissance en assistant de loin aux évènements, surtout amertume face aux reportages et articles dans les médias américains, qu’il considère comme biaisés.

Au début, le film devait s’appeler American Dream, et c’est justement fort de sa rancœur d’alors que Kusturica va mettre en image délectables les désillusions du rêve américain. Le personnage d’Axel sert de trait d’union entre le mythe et sa déconstruction, le rêve et la réalité. Il y a notamment celui de la réussite matérielle, représentée par l’oncle qui vend des Cadillac.  Mais Kusturica nous dit de ne pas y croire, pour preuve : les Cadillac, c’est fait pour remplir les cimetières de vieilles voitures.

Le mythe, ce sont aussi ses clins d’œil cinématographiques, ses références à des séquences hollywoodiennes emblématiques. Il fait par exemple rejouer les dialogues de Raging Bill de Scorsese ou mimer une scène de La Mort aux trousses de Hitchcock (Gary Grant coursé par un avion). C’est drôle, c’est même hilarant quand le même Paul se fait pourchasser par Faye Dunaway en rase-mottes dans le désert. Il y a de la moquerie aussi, dissimulée dans des colifichets du décor, telle une assiette portant les photos de Scarlett O’Hara et Rhett Butler.

Mythes et rêves brisés, certes, mais il y a dans ce film une poésie unique qui emporte tout sur son passage. Une poésie baroque, délirante, puissante. Une poésie qui prend des tours et détours imprévisibles, entre drôlerie irrésistible et lyrisme déchirant.

Et cette petite phrase sur la fin, dite par Grace à Axel : « Deux perdus ne font pas un trouvé.»

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Promenades nocturnes et Rêves

Dimanche 3 Novembre

20h.30

( 1 ere soirée dans le cadre du 3eme  Festival Les Zallucinés

sur le thême Rêvons un peu ! )


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 1/ le court :

Promenades nocturnes

de Lizete Upite

 05’00; Animation; Lettonie; 2018

Une promenade nocturne poétique qui aide à vaincre la peur du noir.
Beau, intelligent et pédagogique !
Une nuit, Anna et son père décident de rentrer chez eux en passant par la forêt. La jeune fille prend une torche pour s’éclairer. La forêt silencieuse est à la fois effrayante et fascinante… Et la flamme aussi rassurante qu’aveuglante.
Le film joue avec finesse des terreurs, des angoisses, et du dépassement de soi. L’accompagnement et la complicité caractérisent l’aîné, qui protège son fiston, le guide, lui explique les choses et dédramatise tout ce qui a trait à la peur. C’est dans les détails du quotidien et du factuel qu’émerge la vérité des personnages. Les dialogues, précis, caractérisent sans forcer. Toute la mythologie animale forestière est invoquée dans la conversation père/fils. Sangliers, loups et renards sont les chantres du bestiaire réel et fantasmatique de l’être humain face aux surprises de la nature. Les
papillons de nuit sont aussi de la partie, virevoltant autour du halo de lumière créé par la torche. La magie plane et ne cesse d’adoucir l’univers en place.

La nuit s’avérera douce

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 2/ le film :

Rêves

de Akira Kurosawa

 Film de 1990; 119 mns avec Akira Terao, Mitsunori Isaki Misato Tate..

… une série de huit courts-métrages qui nous transportent à travers le monde des rêves, de l’onirique au fantastique, du cauchemardesque au féérique:

Huit rêves: « Soleil sous la pluie », « le Verger aux pechers », « la Tempête de neige », « le Tunnel », « les Corbeaux », « le Mont Fuji en rouge », « les Demons gemissants », « le Village des moulins a eau »;

Quand il reve, l’homme est un genie. Il est audacieux et intrepide comme un genie. Voila ce a quoi je me suis attache au moment de filmer ces huit reves. Pour faire un film de ce scenario, il etait indispensable de s’exprimer avec audace et sans peur… comme dans un rêve. » dixit Kurosawa.

Avec Ozu et Mizoguchi, Kurosawa Akira, né le 23 mars 1910 à Tōkyō, et surnommé Tenno (« l’empereur »), est l’un des trois plus grands cinéastes japonais du xxe siècle. Derniers fils d’une famille de sept enfants issue d’une lignée de samouraïs, Kurosawa – comme Bresson et Tarkovski – fut peintre (d’où son admiration pour Utrillo, Cézanne et Van Gogh, interprété par Martin Scorsese dans l’un des épisodes de Rêves) avant de devenir cinéaste en 1936. Sa vision du monde a été, en partie, déterminée par le tremblement de terre qui, en août 1923, détruisit des quartiers de Tōkyō. Entraîné, à treize ans, par son frère Heigo sur les rives de la rivière Sumidagawa où se pressait une foule de cadavres, Kurosawa ressent le monde comme une catastrophe naturelle, y perçoit une vision d’enfer à laquelle il opposera une éthique de la lucidité ouverte, comme chez Dostoïevski, sur la compassion éprouvée pour les malheureux.

L’œuvre de Kurosawa n’est pas très abondante – trente et un films en un demi-siècle, de La Légende du judo (1943) à Madadayo (1993) –, mais profondément originale. Elle transcrit la vision du monde humaniste et généreuse d’un cinéaste autant attaché au passé (l’histoire) qu’au présent (l’actualité) du Japon dans le moule d’une écriture spécifiquement cinématographique qui marque l’alliance parfaite du théâtre – le nō, le kabuki –, de la peinture et du 7e art (notamment à travers l’influence du cinéma américain).

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Dimanche 19 Octobre – Le jouet et 2001, l’Odyssée de l’espace

Dimanche 20 Octobre

20h.30

(dans le cadre du choix des adhérents)

Info : vous trouverez sur notre blog http: //leszallucines.free.fr/ , les résultats revélois  et internationaux du 27 eme Manhattan Short Festival!!!

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 1/ le court :

Le Jouet

de Noémie Cathala-Vergnaud

Film d’animation, 02’34, France, 2017.

Un film pour combattre les dragons et les stéréotypes de genre !

Une petite fille s’ennuie au supermarché avec sa mère. Elle aperçoit une épée dans un des rayons et se précipite pour l’attraper. Le monde autour d’elle se modifie alors qu’elle plonge dans un rêve éveillé.  Dans Le jouet, Noémie Cathala-Vergnaud décrit un monde de diktats et d’injonctions sur le genre, où une fillette réclame sa liberté de choix. En effet, l’objet de son dévolu n’est autre qu’une épée dorée, au beau milieu d’un supermarché. Tel Excalibur, le glaive irradie en plein rayon et aimante le regard de la gamine, qui trouve instantanément son Graal sacré parmi les innombrables produits vus de son caddie.

L’animation permet à la réalisatrice de jouer du noir et blanc et de la couleur. Elle peut ainsi opposer l’ordinaire et l’extra-ordinaire, le quotidien et l’inattendu, le réalisme et le fantastique. Une fois que l’héroïne a empoigné son trophée lamé, elle peut gagner un monde merveilleux, où elle affronte le danger, et terrasse un dragon face à un petit garçon apeuré. Les codes sont bouleversés comme dans 2001, finalement !!!

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 2/ le film :

2001, l’Odyssée de l’Espace

de Stanley Kubrick

Film (2h29) sorti en 1968, avec Keir Dullea, Gary Lockwood

Depuis sa sortie en 1968 qui a stupéfié tout le monde, 2001 est devenu culte. En filmant un mythe, le plus grand, sans doute, celui de la destinée humaine, Kubrick a lui-même produit un mythe cinématographique. Aux grandes interrogations : qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous ? s’ajoute désormais : sommes-nous seuls dans l’univers ? Il faut ne rien redouter pour se lancer dans une entreprise pareille et filmer de telles questions. En février 1965 la Metro-Goldwin-Mayer annonce qu’elle entame la production du prochain film de Stanley Kubrick intitulé « Voyage au-delà des étoiles » et qui se déroule en 2001.

Le tournage débute le 29 décembre de la même année et dure plus de deux ans. Aujourd’hui, presque 60 ans plus tard, le choix des adhérents des Z’allucinés nous permet de feuilleter ce livre d’images presque muet : moins de 40’ de dialogue dans un film de 129’ et revivre ce que Kubrick a appelé une « expérience visuelle dont le but est de transmettre de l’émotion et de la philosophie ».

 

 

 

 

 

Stanley Kubrick (1928-1999) est l’auteur de 13 films, le premier n’ayant jamais été vu.

Ces films sont presque tous des films de genre : film noir (« Le baiser du tueur », 1955), thriller (« Ultime razzia », 1956), film de guerre (« Les sentiers de la gloire », 1958 et « Full Metal Jacket », 1987)  , péplum (« Spartacus », 1960, comédie (« Dr. Folamour », 1963), film historique (« Barry Lindon » (1975) , épouvante (« Shining », 1980 et anticipation (« 2001 », 1968 et « Orange Mécanique », 1971). A quoi s’ajoutent deux films qui ressortissent au drame psychologique, qui n’est pas un genre en soi, « Lolita » (1962) et « Eyes Wide Shut » (1999). Kubrick est un grand lecteur et puise apparemment son inspiration dans la littérature. Ses films sont des adaptations d’un roman ou d’une nouvelle. Le seul scénario original (de Kubrick lui-même) est celui du premier film distribué, « Le baiser du tueur » en 1955, un film noir. Avant de faire du cinéma, Stanley Kubrick est photographe. On peut y voir une des clés pour saisir sa façon architecturale de composer ses images. Il est peut-être intéressant de constater que ses deux films d’anticipation, « 2001 » et « Orange Mécanique » – tous les deux situés dans un futur proche –, sont en réalité des films à prétention philosophiques. Le premier – tiré de la nouvelle d’Arthur C. Clarke, The sentinel publiée aux USA en 1950 – brasse les interrogations sur l’origine de l’homme et son devenir, le second est une variation sur le libre-arbitre dans un monde où la violence ne fait que croître. Outre les grandes questions sur la nature humaine, « 2001 » introduit des réflexions sur la vie extra-terrestre (mais sans soucoupes volantes  à l’inverse des films de science-fiction des années cinquante) et sur les relations entre l’homme et la machine : l’intelligence artificielle, comme on dit aujourd’hui. A ce sujet, le film nous propose une solution : l’homme du futur n’apparaît qu’à l’issue de la mort de la machine, en l’occurrence HAL, l’ordinateur de bord. Sur ce thème, on peut évoquer aussi le film de Steven Spielberg « AI. Intelligence Artificielle » en 2001 – jolie coïncidence –  qui est justement fondé sur un travail de Kubrick, inachevé (et, comme « 2001 », tiré d’une nouvelle de science-fiction). Assurément Kubrick aurait continué à s’intéresser sur les développements actuels de l’intelligence artificielle.

Se pencher sur la filmographie de Stanley Kubrick, c’est constater que Kubrick à chaque film se sentait en demeure de réussir un chef d’œuvre : réaliser le film de genre absolu. Il y est souvent parvenu. Le choix des adhérents s’est porté sur un chef d’œuvre indiscutable. Le film n’a pourtant gagné qu’un seul oscar, celui des effets spéciaux dus à l’équipe dirigée par Douglas Trumbull. Aujourd’hui n’importe quel film publicitaire sur un parfum ou sur une voiture électrique contient des images d’alignements de planètes, éblouissantes mais que l’on regarde à peine tant on y est habitué. N’oublions pas que dans les années soixante les images numériques n’existent pas. Les prodigieux trucages de « 2001 » sont des bricolages dans la grande tradition des effets spéciaux artisanaux. Les images de « 2001 » nous éblouissent-elles toujours ? Nous émeuvent et nous interrogent-elles encore ? Réponses le 20 octobre.

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Resultats du Manhattan Short Festival du 3 octobre 2024

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Dimanche 3 octobre – 27eme MANHATTAN SHORT FESTIVAL

Jeudi 3 Octobre – 20H30

27e Manhattan Short Festival

Seule et unique séance en France ; entrée pour tous : 7 euros

Un monde – Une semaine – Un festival planétaire du court métrage

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Les aficionados l’attendent avec impatience ! Cette année, le grand soir aura lieu le jeudi 3 octobre ! Rappelons que l’évènement est unique en son genre : pendant environ une semaine, dans 400 salles à travers le monde, de Los Angeles à Sydney en passant par Minsk, Turin, Riga, Norfolk, Buenos Aires et bien d’autres villes encore, dix courts métrages se disputeront les faveurs du public. En effet, autre spécificité de ce rendez-vous planétaire, ce sont les spectatrices et les spectateurs – DONC VOUS ! – qui votent pour décerner l’Or, l’Argent et le Bronze. Et en même temps, ils élisent la meilleure actrice ou le meilleur acteur.

 Cerise sur le gâteau : Cette année, CANNES s’invite à REVEL ! Parmi les dix courts en compétition, “THE MAN WHO COULD NOT REMAIN SILENT” (L’Homme qui ne pouvait rester silencieux), Palme d’Or du court métrage au dernier festival de Cannes, fait partie des sélectionnés ! Une belle course à l’Or, l’Argent et le Bronze en perspective, vu la qualité des neuf autres candidats ! 

Voici donc les films à découvrir, dans l’ordre de leur projection au CinéGet, sachant qu’ils ont été sélectionnés parmi quelque 800 candidats. Sachant aussi qu’ils sont tous éligibles aux Oscar.

THE TALENT

De Thomas May Bailey, UK, 15’

Avec Emma D’Arcy, Leo Suter, Rhianne Barreto, David Mills.
Sur le tournage d’une pub pour voiture de luxe, un assistant cherche à tout prix à se faire remarquer. Quitte à se couvrir de ridicule. Une plongée dans le monde de la masculinité, du besoin de paraître et du désir de posséder.

 

I’M NOT A ROBOT

De Victoria Warmerdam, Pays-Bas, 22’

Avec Ellen Parren, Henry van Loon, Thekla Reuten.
Malgré ses efforts, une femme échoue plusieurs fois à un test de sécurité informatique. Soudain, son humanité est remise en question.

 

MOTHER

De Mariia Felenko, Ukraine, 8’

Avec Veronika Shostak, Inna Belikova.
Nous sommes en Ukraine, c’est le début de la guerre. Katya décide de quitter sa ville natale et d’emmener sa mère. Mais non, maman a l’intention de se faire faire les ongles.

 

DOVECOTE

De Marco Perego, Italie, 17’30

Avec Zoe Saldana, Marcello Fonte, Gaia Scodellaro et vingt (vraies) détenues de la prison.
Un petit bateau navigue sur les canaux de Venise. Il s’arrête là où aucun touriste ne s’est jamais aventuré. Nous sommes devant une prison pour femmes. Une des détenues est sur le point de retrouver la liberté, ce sont ses derniers instants derrière les barreaux.

 

PATHOLOGICAL

De Alison Rich, USA, 17’

Avec Alison Rich, Meaghan Rath, Luke Cook, Heather Pasternack.
Incorrigible menteuse, cette mythomane se réveille un jour et découvre que ses mensonges sont devenus réalité.

 

ALARMS

De Nicolas Panay, France, 17’

Avec Thomas Coumans, Laurence Côte, Eminé Meyrem.
Pierre supervise l’achèvement d’un chantier à problèmes. Il doit veiller à ce que l’avancement des travaux ne se fasse pas au détriment de la sécurité. Mais …

FAVOURITES

De Nick Russell, Australie, 5’17

Avec Stephen Curry, Sibylla Budd, Tony Briggs, Maria Angelico, Chris Labbett, Imogen Labbett, Amanda Russell.
Des parents se voient confrontés à un choix impossible lorsque le camping en famille tourne mal.

 

THE MAN WHO COULD NOT REMAIN SILENT

De Nebojša Slijepčević, Croatie/Bulgarie/France/Slovénie, 13’

Bosnie-Herzégovine, février 1993. Des paramilitaires stoppent un train dans le cadre d’une opération de nettoyage ethnique. Ils arrêtent des civils. Personne ne dit rien, seul un passager ose faire face … Cette histoire vraie d’un homme qui ne pouvait rester silencieux,  a obtenu la Palme d’Or du court métrage au dernier festival de Cannes.

ROOM TAKEN

De TJ O’Grady-Peyton, Irlande, 18’

Avec Gabriel Adewusi, Brid Brennan.
Un sans-abri emménage chez une femme aveugle qui ne sait pas qu’elle a un locataire …

 

JANE AUSTEN’S PERIOD DRAMA

De Julia Aks & Steve Pinder, USA, 13’

Avec Julia Aks, Lachlan Ta’imua Hannemann, Samantha Smart, Nicole Alyse Nelson, Hugo Armstrong.
Angleterre, 1813. Pendant une demande en mariage, la fiancée a ses règles. Le prétendant qui n’a aucune idée de ce qu’est le cycle menstruel, la croit blessée … Bonjour les malentendus !

Tous les courts, toutes les interviews et toutes les coulisses des films sur www.manhattanshort.com

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